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Au Burkina Faso, des milliers d’écoles privées de rentrée à cause du terrorisme


Au Burkina Faso, des milliers d’écoles privées de rentrée à cause du terrorisme
Hamadoum, 18 ans, a dû abandonner l’école il y a trois ans et fuir son village du nord du Burkina Faso à cause des attaques terroristes. Il a trouvé refuge dans un quartier périphérique de Ouagadougou. | PHOTO: SOPHIE DOUCE
L’Afrique fait sa rentrée (4). Depuis 2014, le pays est touché par des attaques de plus en plus nombreuses et meurtrières qui ont mis au chômage forcé plus de 9 000 professeurs.
 
 
Un petit cahier rouge est posé à côté de Hamadoum. Quand il regarde l’une des pages griffonnées en français, les lettres se brouillent. Les mots ont perdu leur sens. « Je ne sais plus lire, tout est parti », regrette dans un murmure le jeune homme de 18 ans, en langue fufuldé. Trois ans qu’il n’est plus allé à l’école. Et la perspective de la rentrée scolaire d’octobre s’éloigne.
 
Quand les attaques terroristes ont commencé en 2016 dans son village du nord du Burkina Faso, tous les établissements scolaires ont fermé dans la foulée. « Les enseignants de Soboulé ont fui du jour au lendemain. C’était la psychose, chacun se demandait quand ça allait être son tour. Trois membres de ma famille ont été abattus », témoigne-t-il, les yeux rivés au sol.
 
Il y a quelques mois, l’étau se resserre encore. Avec cette fois « la menace des militaires », précise-t-il, qui les soupçonnent d’être complices des djihadistes voisins. La vie, déjà difficile, devient impossible. Les parents de Hamadoum préfèrent que leur fils fuie, craignant qu’il ne soit enrôlé par les groupes armés. « Les terroristes appelaient tous les jeunes, même les adolescents, à les rejoindre, et menaçaient de tuer ceux qui étaient contre eux », poursuit-il, assis à l’intérieur d’une maisonnette en banco et au toit de tôle, dans la périphérie de la capitale, Ouagadougou.
 
Quatre années perdues
« Je le garde à l’œil et j’essaie de le tenir occupé pour éviter qu’il ne tombe dans la délinquance, je suis inquiet pour son avenir ici à Ouaga », souffle son oncle avec qui il s’est réfugié il y a quatre mois sur ce lopin de terre aux herbes folles, où ils tentent de cultiver du maïs pour « gagner [leur] pain » désormais. Peu à peu, les rêves d’enfant de Hamadoum se sont envolés. Fini le temps où il pensait encore pouvoir intégrer l’armée, pour « protéger » sa famille et « ressembler aux héros des films » qu’il admire tant. « C’est trop tard pour rattraper toutes ces années perdues et retourner étudier, je me suis arrêté au CM1 et j’ai tout oublié depuis, il vaut mieux travailler », se résigne l’adolescent, qui espère trouver un emploi comme mécanicien ou menuisier. Comme lui, plus de 330 000 enfants sont aujourd’hui affectés par la montée des violences ces quatre dernières années au Burkina Faso.
 
Deux mille établissements scolaires y sont toujours fermés et près de 9 000 enseignants en arrêt de travail forcé, selon les chiffres du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha) alors que le pays compte environ 19 000 écoles primaires et secondaires. « Les groupes terroristes visent les symboles de l’Etat dans les villages, ils menacent de tuer les enseignants qui exercent en français plutôt qu’en arabe, beaucoup ont préféré fuir pour sauver leur peau », s’attriste Windyam Zongo, le secrétaire général du Syndicat national des personnels d’administration et de gestion de l’éducation et de la recherche (Synapager).
 
« Mais que vont devenir ces jeunes livrés à eux-mêmes ? », s’interroge cet ancien enseignant, comme tant d’autres ici. « Ils risquent de constituer un danger pour la société si on ne les encadre pas, en devenant mendiants ou délinquants. Certains ont même vu leur maître assassiné sous leurs yeux, les séquelles psychologiques seront nombreuses », s’inquiète M. Zongo. Sûrement les échos de la guerre et l’image du cadavre de son grand-père et de son oncle resteront-ils longtemps gravés dans la mémoire du jeune Hamadoum. « Je suis triste et j’ai peur, peut-être que je ne comprends pas tout ce qu’il se passe, mais j’entends les nouvelles à la radio et je me demande quand tout ça va finir ? Quand est-ce que l’on pourra retourner là-bas ? », se demande-il alors qu’il n’a pas vu ses parents depuis plus de huit mois.
 
Sempiternelles questions qui resteront sans réponses. « Il y a urgence à récupérer ces enfants déscolarisés », insiste le ministre burkinabé de l’éducation nationale Stanislas Ouaro lors d’un entretien au Monde Afrique en juillet. « La fermeture des écoles a un impact sur tous les plans : économique, social et culturel. On risque d’avoir des analphabètes qui ne pourront pas contribuer au développement du Burkina. Détruire le système éducatif d’un Etat, c’est contribuer à le déstabiliser », pointe-t-il. D’autant plus que le taux d’alphabétisation est déjà faible dans ce pays pauvre enclavé du Sahel, et ne dépassait pas les 34 % de la population en 2014.
 
Session de rattrapage des examens, réinscription des élèves déplacés dans leur localité d’accueil et même réouverture de certains établissements scolaires, le gouvernement tente de rassurer en multipliant les annonces. « Environ 340 écoles, principalement à l’est, ont pu rouvrir grâce aux opérations militaires menées ces derniers mois », se félicitait ainsi le ministre en juillet. Mais, depuis, l’insécurité s’est encore accrue. Côté syndicats, on préfère rester prudent et patienter jusqu’à la rentrée scolaire, prévue début octobre, pour voir si la reprise est effective.
 
Risque de radicalisation
En attendant, le risque de recrutement guette toujours dans les villages. « Les groupes exploitent le sentiment de marginalisation et les frustrations des jeunes dans ces zones souvent démunies et reculées. Ils leur promettent parfois de l’argent et surtout une protection contre le silence, l’appui logistique ou l’échange d’informations », détaille le chercheur Ibrahim Maïga, représentant pour le Sahel à l’Institut d’études de sécurité (ISS). Toujours plus insidieuse, la défiance envers les autorités ne cesse de gagner du terrain.
 
 
 
« Cela fait longtemps que je n’ai plus confiance en nos forces de l’ordre. Là-bas, certains ont vu leurs parents tués lors d’interpellation, beaucoup sont partis rejoindre les groupes armés pour se mettre à l’abri des exactions », confie sous couvert d’anonymat un jeune homme de la communauté peule originaire du village de Petega, localité voisine de Soboulé, où a vécu Ibrahim Malam Dicko, le fondateur du premier groupe djihadiste burkinabé Ansaroul Islam. « Nous, les Peuls, sommes stigmatisés. Si les massacres continuent en toute impunité, les jeunes vont sortir du silence et chercher à se venger, tôt ou tard », fustige-t-il, affirmant avoir refusé de céder à « l’appel des terroristes ».
 
Comme chaque dimanche, les étudiants de la cité universitaire de Kossodo, à Ouagadougou, se rassemblent pour débattre des sujets d’actualité. Face à la montée de la menace terroriste, la colère et l’incompréhension s’expriment. SOPHIE DOUCE
 
La colère gronde également à la cité universitaire de Kossodo, dans la périphérie de la capitale. « La patrie ou la mort, nous vaincrons ! », scande un étudiant poing levé devant une petite assemblée, en répétant la célèbre devise du président burkinabé Thomas Sankara, assassiné en 1987. Ici, sur ce campus réputé « bouillonnant », où gît encore la carcasse d’un bus brûlé lors des manifestations de 2013 contre la fermeture des résidences universitaires imposée par l’ex-chef d’Etat Blaise Compaoré, on débat des sujets d’actualité chaque dimanche de « 15 à 17 ». Le constat est amer. En six mois, plus de 300 personnes ont déjà été tuées dans près de 270 attaques terroristes au Burkina Faso, selon les chiffres de l’ONG Acled. « La faute à nos dirigeants !, accuse Wilfred Kienou, 24 ans, Ça me fait mal quand je vois que l’on est obligé de reléguer les sujets de l’éducation et du chômage au second plan au profit de la question sécuritaire. Nous devons nous réveiller, je suis prêt à défendre mon pays avec le sang ! »
 
A côté de lui, Issouf Yameogo, en première année de licence de linguistique, a déjà passé le cap. Il a décidé de donner régulièrement le sien pour aider les militaires de son pays, « ceux qui payent le plus lourd tribut », estime le jeune homme, qui envoie également des messages d’encouragement et participe à des collectes de fonds dans le cadre de L’Iinitiative citoyenne de soutien aux forces de défense lancée en octobre 2018 après une énième attaque dans l’est.
 
« Nous allons vivre plusieurs années encore avec cette situation, ce sera une guerre de longue haleine, alors nous devons nous battre et être solidaires, je suis même prêt à m’engager dans l’armée si l’avenir de mon pays est en jeu », clame l’étudiant de 24 ans, assurant « garder espoir ». Comme beaucoup d’autres de sa génération, qui a vu plusieurs jeunes tomber au cours de l’insurrection populaire de 2014 qui avait entraîné la chute de Blaise Compaoré, on connaît déjà le prix de la lutte.
 
 

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